Pour sa seconde participation à Frieze NY, la galerie présente un ensemble d’œuvres exceptionnelles de François Morellet, datant de 1961 à 1986, à l’occasion du 90ème anniversaire de l’artiste, né le 30 avril 1926, et avec lequel elle entretient, depuis sa création en 1989, des relations privilégiées.
Ce projet, spécialement élaboré pour le secteur Spotlight, vise à montrer sous un angle original des aspects méconnus aux États-Unis de deux phases de l’œuvre de François Morellet : la première, d’ordre systématique et minimale, la seconde d’ordre cinétique ou plutôt pour ne pas la restreindre à une appellation, d’ordre instable car visant à introduire des perturbations.
Il en va ainsi d’une Sphère-trames (1962), sculpture suspendue qui simplifie la vision du spectateur lequel n’a plus à en faire le tour pour déterminer le meilleur point de vue mais juste à la faire tourner sur elle-même, d’un Fil avec mouvement ondulatoire (1965), s’enroulant sur lui-même au gré des lois de la physique ou bien encore de 4 rythmes interférents formant un carré (1972), sans oublier un fantastique wallpaper vibratoire qui se déploiera tout à la fois sur les murs et le sol du stand, une répartition aléatoire de milliers de carrés bleus et rouges, réalisée à partir des décimales du nombre π et dont la toute première version fut créée en 1963 pour la 3ème Biennale de Paris.
L’introduction de l’aléatoire, de systèmes préétablis s’apparentant à des règles de jeux et limitant au maximum les décisions subjectives, concomitamment à l’utilisation de matériaux non-artistiques, a permis ainsi à François Morellet, dès le début des années 1950, d’interroger le statut de l’œuvre d’art en éliminant presque tout ce que l’on y recherche d’ordinaire, la figuration, la spontanéité, la sensibilité, l’ego : “D’abord qu’est-ce qu’une œuvre d’art ? C’est évidemment, pour un spectateur donné, ce que ce spectateur considère comme tel. […] Les arts plastiques doivent permettre au spectateur de trouver ce qu’il veut, c’est-à-dire ce qu’il amène lui-même. Les œuvres d’art sont des coins à pique-nique, des auberges espagnoles où l’on consomme ce que l’on amène soi-même” (François Morellet, 1971).
Cet ensemble d’œuvres réunies pour Frieze New York débutera en 1961 par une autre Répartition aléatoire de 40.000 carrés, cette fois sous la forme d’un tableau qui découle de la fameuse peinture de 1960, aujourd’hui conservée par le MoMA et s’arrêtera en 1986 avec deux œuvres peu connues de la série Figure hâtive, soit juste un an après l’exposition rétrospective que le Brooklyn Museum consacra à l’artiste français.