La galerie Hervé Bize propose cet été un projet qui s’inscrit dans le fil d’une suite d’expositions construites sous la forme de Conversations entre deux artistes, lesquelles reviennent à intervalles réguliers dans sa programmation.
Celles-ci peuvent recouvrir des formes très variables et concerner tout autant des artistes vivants, appartenant à la même génération, que d’autres relevant de périodes et de champs différents. Le prochain de ces rendez-vous, du 26 mai au 16 juillet, consistera en un dialogue entre un ensemble de multiples de Joseph Beuys (1921-1986), figure majeure de l’art du XXème siècle, et une sélection d’œuvres de l’artiste lusitano-luxembourgeois Marco Godinho (*1978) qui bénéficiera cet été d’une première exposition personnelle dans une institution française, au MAMAC, Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice (à partir du 8 juillet).
Depuis sa disparition il y a tout juste trente ans, le travail de Joseph Beuys reste perçu de manière partagée. Pour certains, il compte parmi les artistes visionnaires qui ont apporté une dimension nouvelle à la notion d’art ; pour d’autres, sa démarche a été surtout le reflet des enjeux politiques et sociaux auxquels il a pris part.
Le langage et l’écriture constituent un fil conducteur qui relie l’ensemble des travaux réunis pour cette exposition. Certains se font directement et explicitement écho : Every Day a Revolution de Marco Godinho renvoie indéniablement à Rose für Direkte Demokratie de Joseph Beuys et la cartographie parisienne d’Initiation Gauloise (à partir d’un plan du métro) trouve en quelque sorte un prolongement dans White Map #2 de Marco Godinho qui ne laisse plus apparaître que les monuments et les espaces verts de la capitale.
Le statut de l’œuvre est aussi au cœur de leurs pratiques respectives (performances, installations, objets, éditions, multiples à activer, etc.). En effet, Joseph Beuys a produit, de 1965 à sa mort, de nombreux multiples et Marco Godinho s’intéresse également de très près à ce domaine ainsi qu’à celui du livre.
Ces productions imprimées contribuent à « élargir » l’art et ses fondements traditionnels, y associant concepts, manifestes et autres formes de langage.
Joseph Beuys fut passionné par la diffusion d’idées et ne manquait pas de rappeler que ses objets étaient seulement en relation avec ses idées intelligibles.
Quant à Marco Godinho, il n’a de cesse d’interroger des concepts liés à notre condition sociale, au déracinement, au voyage (particulièrement la notion d’errance), ainsi qu’à la mémoire de ce qu’on laisse derrière nous, « l’idée que chaque pas est un choix qui efface celui qu’on laisse derrière soi. »
L’art nous offre sans conteste une manière de déconstruire nos certitudes et permet une ouverture sur un monde contemporain empreint d’incertitude en interrogeant la manière dont nous le traversons.
Joseph Beuys | Marco Godinho
26 mai - 16 juillet 2016