La galerie opère en cette fin d’année une pause dans sa programmation exclusivement consacrée au suivi d’artistes contemporains, avec une exposition dédiée à Jean Hélion (1904-1987).
En effet, Hervé Bize s’intéresse à son œuvre depuis presque vingt ans. Peu avant d’ouvrir sa galerie, il fut en 1987 l’auteur d’un des derniers textes parus du vivant d’Hélion.
Il a repris l’an dernier ce travail d’écriture pour réaliser, avec le concours de la famille de l’artiste, une monographie, Jean Hélion, Inventer le monde tel qu’il est réellement, qui vient de paraître aux Editions Cercle d’Art (collection Découvrons l’art).
Avec Hélion subsiste un étonnant paradoxe : celui d’un peintre, dont bon nombre de spécialistes s’accordent à reconnaître un rôle éminent dans l’art du XXème siècle (il appartient comme Giacometti à la génération qui suit Picasso, Matisse et Léger) mais qui demeure par trop méconnu du grand public.
Lui ferait-on toujours le “procès” de ses ruptures de style, particulièrement celle qui l’avait poussé dès 1935 à humaniser ses abstractions — il fut avec Mondrian l’une des figures dominantes de l’art abstrait — et à abandonner progressivement, sans pour autant la renier, la non-figuration alors que celle-ci envahissait, dès la fin des années 1940, la scène artistique.
Hélion s’est ensuite attaché à réinventer une peinture de l’immédiat, du quotidien, dont on pourrait trouver l’équivalent dans les écrits de Raymond Queneau et Francis Ponge, deux de ses amis qui comptèrent parmi ses défenseurs. Alberto Giacometti confiera un jour à Francis Ponge : “Fasciné par les productions de ce peintre, je ne peux qu’à grand peine en détacher mon regard.”
Pour cette exposition qui se tient simultanément à la rétrospective que présente, également pour marquer le centenaire de la naissance de l’artiste, le Musée National d’Art Moderne/Centre Pompidou à Paris (du 8 décembre au 7 mars), la galerie a rassemblé un exceptionnel ensemble d’œuvres sur papier inédites, principalement centrées sur la dernière période de l’artiste (1974-1983), au cours de laquelle Hélion poursuit et revisite, dans une facture étonnante, un peu à l’instar de celle des derniers Picasso, tous ses grands thèmes.
Les œuvres de Jean Hélion sont conservées dans de nombreux musées, tant en France qu’à l’étranger : Musée National d’Art Moderne, Centre Georges Pompidou (Paris), Musée d’Art Moderne (Saint-Etienne), Musée des Beaux-Arts (Nantes), Musée des Beaux-Arts (Grenoble), Musée Cantini (Marseille), Musée d’Art Moderne et Contemporain (Strasbourg), Kunsthalle (Hamburg), Städtische Galerie im Lenbachhaus (Munich), Tate Gallery (Londres), The Peggy Guggenheim Collection (Venise), IVAM (Valencia), Musée National d’Art et d’Histoire (Luxembourg), Guggenheim Museum (New York), Metropolitan Museum of Art (New York), Museum of Modern Art (New York), Museum of Art (Philadelphie), Art Institute (Chicago) …