(Français)
Une pizza tricotée posée sur le capot d’une des dernières Méganes fabriquées par l’usine Renault de Vilvoorde, une chaussure portée par un éminent galeriste ou plutôt son assistante, l’air un peu embarrassée, tel est le type de confrontations, d’intrusions dont s’est rendu capable — coupable — Pierre Gauthier. Quand vous saurez qu’en outre il n’est pas l’auteur mais le commanditaire de ces objets fait main qui tentent aujourd’hui leur entrée dans le marché de l’art à l’instar de n’importe quelle autre sorte de peintures-sculptures contemporaines (1), comment devons-nous les recevoir et les appréhender ?
En effet, ils ne sont pas des ready-mades puisque leur façonnage est criant et que Pierre Gauthier n’omet surtout pas de signaler nommément les artisans ou collaborateurs occasionnels et les provenances, lesquels donnent souvent lieu à des déplacements non seulement géographiques, mais de sens — ce qui nous rapprocherait bien cette fois de Duchamp — ainsi qu’à l’introduction d’éléments autobiographiques.
D’autres œuvres, il en va ainsi de celle intitulée Eve, une pièce photographique de grandes dimensions représentant une femme noire nue, tenant une pomme, trouvent plus simplement leur origine dans une simple observation de la vie quotidienne, ce qui ne les empêchent pas de générer différents niveaux de lecture.
L’exposition de Pierre Gauthier qui réunit un ensemble d’œuvres, dont certaines ont été spécialement réalisées pour l’occasion, nous permet donc de découvrir sa vision du monde, de mieux saisir les relations qu’il tisse et nous invite à en nouer avec son travail.
(1) Frédéric Valabrègue cite, dans une remarquable étude, consacrée à Pierre Gauthier, la barre de bois rond d’André Cadere mais nous pourrions tout aussi bien penser, pour être dans l’actualité, aux objets repeints de Bertrand Lavier.
Cette exposition reçoit le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication, Délégation aux Arts Plastiques (aide à la première exposition).
La galerie remercie également pour son concours la Synagogue de Delme/Centre d’art contemporain.