(Français) A l’initiative de l’École nationale des beaux-arts de Nancy, trois interventions de Philippe Cazal sont programmées en Lorraine, sous l’intitulé Mise au point/Point de vue.
Le Musée d’Art ancien et contemporain d’Épinal et la Galerie Art Attitude Hervé Bize s’associent à l’École pour constituer un projet triparti.
Philippe Cazal (* 1948, La Redorte) analyse dans sa démarche l’expérience artistique. Son travail, son attitude — pour reprendre une formule chère à Ben Vautier — l’ont amené à prendre pour champ d’investigation la technique publicitaire.
Mais c’est bien en tant qu’artiste qu’il mène cette recherche : il contrôle les différents paramètres constitutifs de l’œuvre, de son élaboration à sa mise en espace, sans oublier sa communication.
Philippe Cazal détourne et active donc, dans le champ de l’art, des stratégies d’ordre publicitaire : en témoignent l’usage d’un personnage symbole (l’artiste lui-même), la marque (son nom traduit en 1985 sous forme de logotype par l’agence Minium), les messages sentences ou mots, intégrés dans ses œuvres.
Il réalise ainsi une “œuvre lisse”, plutôt séduisante et efficace, à l’image du merchandising qui nous envahit quotidiennement.
“Je fais réaliser des visuels, en surface ou en volume, proche d’une esthétique du quotidien.(…) A la première lecture, mon travail fait souvent penser à autre chose qu’à de l’art. En fait une majorité des pièces que j’ai réalisées obéit soit à un procédé de construction par glissement sémantique (ou phonétique) entre les acceptions d’un même mot, soit à des jeux de rapprochement (des liens invisibles sont mis en évidence, des liens impossibles sont assumés comme possibles)”, déclarait l’artiste dans un entretien en 1993.
Le patronyme Philippe Cazal s’est donc mué en objet PHILIPPE CAZAL, voire PC. L’emploi du positif/négatif dans le logo de l’artiste ou dans la plupart de ses œuvres permet une reconnaissance immédiate.
Une réflexion de François Morellet (de 1989), “Je suis trop vieux pour mettre au point une stratégie implacable comme celle qu’aujourd’hui adoptent les jeunes cadres et les jeunes artistes branchés”, démontre combien l’entreprise de Philippe Cazal est engagée et périlleuse, “sur le fil du rasoir”, tant certains artistes exploitent des paramètres ou des concepts recyclés sur un mode déclinatoire, empreint d’un caractère consumériste, depuis Warhol et ses boîtes Brillo, entre autres.
Philippe Cazal préconise, dans son rapport au monde, une position dualiste, puisque tout à la fois d’ordre critique mais néanmoins inscrite simultanément dans une adhésion au présent. Le processus activé par Cazal affirme son attachement à la “visualité” des pièces et à la manière dont elles fonctionnent,par rapport à son intention et au développement du travail.
En somme, sa saisie se situerait bien à la césure, indéniablement, du jeu positif/négatif du logo, son image emblématique.
Mise au point/Point de vue est l’intitulé générique voulu par l’artiste pour synthétiser ce projet en Lorraine qui réunit trois lieux très différents, tant spatialement que dans leur fonction ; un intitulé qui n’est guère “innocent” dans un contexte, où la diffusion et l’appréhension de l’art contemporain méritent quelques recommandations. Philippe Cazal a conçu plusieurs œuvres pour son exposition à la galerie, dont une qui “s’appuiera” sur la cloison qui sépare les deux salles.
Son intervention à l’École d’art de Nancy se matérialisera par une conférence, le lundi 19 juin, ainsi que par l’édition d’une carte postale-objet.
Enfin, il présente à Épinal, à partir du 24 juin, une seule œuvre, visible de l’extérieur, depuis le parvis du Musée d’Art ancien et contemporain.