(Français)
Le développement le plus récent du travail de Jean-Claude Loubières nous invite à un parcours, dont la configuration est, pourrait-on dire, nomade tant ses sculptures sont à géométrie variable.
En effet, à la différence des œuvres réalisées jusqu’en 1991, date de la précédente exposition de l’artiste à la galerie, ses dernières pièces entretiennent le doute même dans leur dispositif d’accrochage, lequel n’est pas définitivement déterminé.
S’opère alors une circulation assez singulière — semblable à celle de flux énergétiques — d’une œuvre à une autre, voire même à l’intérieur d’une seule et même pièce, à l’image de cette Double colonne qui nous est proposée dans une “version” extensible ou ductile ; un effet quasi cinétique s’en dégage et contribue à l’incertitude de son appréhension.
Si le propre d’une œuvre est de nous pousser à nous interroger, les réponses que nous pourrions y apporter ne peuvent d’ailleurs, comme le rappelle très justement l’artiste, que nous conduire vers de nouvelles sources de réflexion.
D’autre part, les volumes de Jean-Claude Loubières offrent une qualité éminement graphique : il ne faut pas s’en étonner lorsque l’on considère l’attention toute particulière qu’il porte au dessin, activité chez lui toute domestique.
La suite de dessins sur papier sulfurisé, présentée dans la seconde salle de la galerie, plonge justement le spectateur dans un environnement plus intimiste. Ces œuvres diaphanes qui brillent presque par leur absence — Loubières pratique en effet l’effacement pour les faire surgir, contrairement aux travaux antérieurs, véritables concentrés dotés d’une tension marquée — “complotent” avec les sections et scansions lumineuses d’une pièce posée à même le sol, Arc en quatre. Dans la première salle, un dessin mural Profil II (paraffine au mur), poursuite d’un travail réalisé à l’extérieur l’an passé dans le petit village de Marsal, insaisissable dans sa globalité, entretenait le même type de relations avec les œuvres voisines.
Déposés ou accrochés, les travaux de Loubières ne sont pas à considérer frontalement ; ils suscitent une déambulation et engagent leur cohérence dans le continuum spatial du regard.