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Seule structure privée invitée à s’associer aux manifestations “Le design des années 50”, initiées par la Société d’Histoire et de Théories du Design et la mission design du Pôle Universitaire Européen de Nancy-Metz, qui se déroulent de février à novembre en Lorraine, la galerie Art Attitude Hervé Bize y répond par un projet qui associe art contemporain et design.
Elle quitte pour l’occasion le champ de l’actualité pour une exposition-événement qui réunit des peintures de François Morellet et des pièces de mobilier de Jean Prouvé.
Ce sera d’ailleurs la première fois que l’on pourra revoir, certes de manière partielle, l’œuvre de ce dernier à Nancy, depuis l’exposition rétrospective du Centre Georges-Pompidou il y a six ans.
Créateur — Jean Prouvé (1901-1984) fit partie de l’Union des Artistes Modernes (avec notamment Charlotte Perriand et Le Corbusier) — et industriel malheureux dans les années 50, il connut une reconnaissance tardive, recevant en 1981 le prix Erasme du design industriel, l’équivalent du prix Nobel.
Jean Prouvé fut très tôt immergé dans un environnement artistique privilégié puisqu’il a côtoyé, grâce à son père, Victor Prouvé, les grands noms de l’art nouveau.
Très vite, il devient l’un des ingénieurs-constructeurs les plus en vue, privilégiant le travail des matériaux tels que la tôle et le tube d’acier, le traitement d’avant-garde des détails, des formes et des assemblages.
Son inventivité lui permet de produire des éléments de construction standardisés et des meubles en série. “Construire un meuble est une chose sérieuse, très sérieuse… Les problèmes à résoudre sont aussi complexes que ceux des grandes constructions”, déclara-t-il. Jusque dans les années 50, Jean Prouvé réalisera ses meubles les plus typiques qui comptent parmi les plus intéressants du mobilier contemporain.
Ceux qui sont présentés dans l’exposition sont réunis grâce à l’aimable collaboration de Philippe Jousse et de Claude Prouvé.
Industriel, François Morellet (né en 1926) l’a aussi été jusqu’en 1975, date à partir de laquelle il s’est entièrement consacré à sa démarche artistique.
Il est aujourd’hui considéré comme l’un des artistes français les plus importants et son travail est présent dans les collections publiques de très nombreux pays, tant sur le continent européen qu’ailleurs.
Dès 1952, il choisit de s’appuyer sur un vocabulaire géométrique simple afin de réaliser des peintures en aplats, exécutées d’après un système prédéterminé.
Ce sont les débuts de son “art systématique et pasteurisé”, en plein essor de l’Ecole de Paris et dans un isolement où seuls quelques artistes suisses et américains, en particulier Ellsworth Kelly qui vit alors à Paris, ont entrepris des travaux qui se démarquent également “de l’air ambiant”.
Durant ces années, Morellet fait d’ores et déjà un usage modéré de la couleur, le noir et le blanc étant déjà fréquemment appelé pour manifester au moyen de croisements et/ou de superpositions une méthode de perturbation optique qui débouche sur les premiers grillages en 1959, lesquels ne sont plus peints mais réalisés à l’aide de treillis métalliques.
Ce sont des œuvres de cette période, où Morellet se limite au médium qu’est le tableau, qui seront visibles à Nancy pour la première fois, alors que les trois précédentes expositions personnelles de Morellet à la galerie, en 1990, 1993 et 1994, avaient été consacrées à ses plus récents travaux.
L’exposition figure également au programme de l’opération nationale “Les 10 jours de l’art contemporain”, du 20 au 30 avril.
L’exposition sera encore exceptionnellement ouverte le mardi 3 juin, à l’occasion de la venue de Serge Lemoine, conservateur du Musée de Grenoble, lequel donnera une conférence sur François Morellet et Ellsworth Kelly au Musée des Beaux-Arts, place Stanislas.
Par ailleurs, François Morellet donnera une conférence sur ses réalisations intégrées à l’architecture le jeudi 20 mars à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts (avenue Boffrand); il réalisera également une installation néon dans le hall qui sera visible jusqu’au 10 avril.
Quelques repères / Morellet :
1950
exposition à la Galerie Creuze, Paris, “Morellet, peintures et sculptures”, mars
1952
Premiers systèmes
1958
Premières répartitions aléatoires
exposition à la Galerie Colette Allendy, Paris, Peintures de Morellet. A la recherche d’une base, mai (catalogue avec un texte de François Molnar)
Quelques repères / Prouvé :
1950
Travail pour l’Unité d’Habitation Le Corbusier, Marseille
Bureau “présidence”; fauteuil “visiteur”
Pavillon à portique, salon des Arts Ménagers, Paris
Siège Antony
1951
Maison type “coque”, Salon des Arts Ménagers, Paris
Postes à essence Mobiloil, Shell et Socony
Projet pour l’université européenne, Nancy (tour à noyau central)
1952
Sièges pour amphithéâtre; bibliothèques avec Charlotte Perriand
1953
Maison familiale de Nancy
1954
Pavillon du centenaire de l’aluminium, Paris
1956
“Maison des jours meilleurs”, pour l’Abbé Pierre, Paris
1958
C.N.I.T., Paris
Maison saharienne (avec Charlotte Perriand), Salon des Arts Ménagers, Paris