(Français)
Pour la rentrée, la galerie fait une entorse à sa politique, résolument contemporaine, en présentant une exposition singulière et exceptionnelle.
En effet, elle porte à ces cimaises, pendant sept semaines, un ensemble de huit peintures du Douanier Rousseau (1844-1910), provenant de la collection Ernest T., lesquelles sont montrées en France pour la première fois.
Ces peintures n’ont été jusqu’à aujourd’hui exposées qu’en Allemagne, au printemps 1994 à Mönchengladbach.
Henri Rousseau, dit le Douanier, est né à Laval en 1844 et mort à Paris en 1910. Curieux itinéraire que celui de ce personnage, commis à l’octroi de Paris à partir de 1881 et qui s’est mis à la peinture vers 1884.
Autodidacte, il exerce son talent de copiste au musée du Louvre. Cependant dès 1886, présenté par Paul Signac, il expose au Salon des indépendants.
Les principaux thèmes de son œuvre sont représentés dans l’exposition : en premier lieu les portraits, où il fige les personnages tout en ayant une palette qui rappelle celle des primitifs. Trois portraits figurent dans l’exposition proposée par la galerie.
Dans ses paysages de Paris et de ses environs, également au nombre de trois dans l’exposition, le Douanier Rousseau décrit, avec une attachante et naïve poésie, des sites architecturés et paysagers très stylisés, qui sont habités par de rares promeneurs.
En 1907, il exécute son tableau le plus célèbre “La charmeuse de serpents”, aujourd’hui au musée d’Orsay, pour la mère de Robert Delaunay, un des rares artistes, avec Picasso et les écrivains Alftred Jarry et Guillaume Apollinaire, à admirer son travail.
Mais l’exposition de la galerie nous permet de découvrir également l’un des paysages exotiques aux épais feuillages, toujours traités avec une extrême frontalité, pour lesquels Rousseau a exercé une influence sur les cubistes, au premier rang desquels Picasso, bien sûr — celui-ci possédait plusieurs toiles du douanier — ainsi, qu’un peu plus tard sur les surréalistes.
Signalons enfin que c’est l’allemand Wilhelm Uhde qui, non seulement a fait découvrir à Daniel-Henry Kahnweiler Les Demoiselles d’Avignonde Picasso, mais s’est également attaché à faire connaître les peintres “naïfs”, en particulier Rousseau, aujourd’hui considéré à juste titre comme le plus important.
Un catalogue monographique, édité à l’occasion de l’exposition à Mönchengladblach, est disponible à la galerie.